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Je n’arrive pas à dessiner dans un carnet.

Je n’arrive pas à dessiner dans un carnet.

Franchement, il m’arrive de passer plusieurs mois sans toucher un carnet de dessin. Ca ne veut bien sur pas dire que je ne dessine plus. Après tout, le carnet n’étant qu’un lieu d’expression comme un autre, je ne sens pas forcément le besoin de m’y plonger.

Alors comment se fait-il qu’une fois devant un carnet, plus aucune idée ne me vient ?

Identifier la source du blocage

La quête de la perfection

Bim ! J’ai douze ans. On m’offre mon premier carnet de dessin. C’est de très loin le meilleur cadeau que je reçois à un anniversaire. Seulement, une fois apposée ma signature sur la page de garde, l’objet termine au placard. Je lui préfère de très loin les feuilles blanches d’imprimante.

Durant les dix années suivantes, j’ai du remplir au maximum trois carnets de dessin. Sous prétexte de créer une série de fanzines, je remplis les deux premiers de bandes dessinées, petites illustrations et histoires courtes. Le troisième carnet prend fin à vingt et un ans, forcé par ma prof de peinture.

A coté de cela, j’ai bourré des classeurs entiers de dessins,
terminé une centaine de pages de bandes dessinées.

Mon premier carnet de dessin accompagné d’un échantillon restraint de pages de BD dessinées sur feuille volante.


De cette expérience découle un constat : Je sacralise trop le carnet de dessin. Un carnet de dessin peut être facilement perçu comme un lieu privilégié. On y exprime notre créativité et parfois, on est amené à le montrer à des amis. Imaginez maintenant qu’il contienne des dessins dont vous n’êtes pas fiers ? Sur une feuille volante, ce problème n’existe pas. Si le dessin est raté, on le jette et on recommence. Il ne reste alors à la fin que de jolis dessins.

Une fois passé ce cap de la sacralisation, j’ai enfin commencé à
m’amuser.

La pression d’Internet 

Avec l’apparition d’internet est apparue une nouvelle forme de problème. Le développement des forums puis des réseaux sociaux fait qu’aujourd’hui, nous sommes tous plus où moins enclins à vouloir partager notre travail avec le reste du monde.

La montagne de la vie d'un illustrateur est semée d'embuches.

La quête du succès sur internet est semée d’embuches.


La grande illusion du talent

Le problème, c’est que vous n’êtes plus le seul à faire cela. Quand plus jeune vous étiez le seul dessinateur de la région, vous êtes désormais noyés dans un flot ininterrompu de dessinateurs talentueux. Ils partagent sans cesse des créations exceptionnelles.

Pour relativiser : Internet ne montre souvent que la face visible de l’iceberg. La grande majorité des illustrateurs sont d’éternels frustrés, victimes des pannes d’inspiration et de la démotivation. Hélas, tout le monde ne fait pas le choix de la transparence.

La quête de progression

Un autre vecteur de pression provient des communautés d’artistes en formation. Initialement conçues comme des ateliers d’apprentissage, ces communautés encouragent leurs membres à partager très régulièrement le résultat de leurs études. Certaines personnes y progressent très rapidement et combien de fois me suis-je senti désespéré de ne pas progresser aussi vite qu’eux.

Pour se rassurer : on peut rappeler que tout le monde ne fonctionne pas à la même vitesse. Certains étudiants profitent même d’un programme de formation suffisamment clair pour toujours aller dans la bonne direction.

Accéder à la gloire

Enfin vient le sentiment de réussite procuré par les réseaux sociaux. Qui n’a jamais été déçu de constater que son dessin ne plait pas?

La réalité derrière tout ça : tout le monde s’accorde à dire que chasser ce type de célébrité est contre-productif. En moyenne, seuls 10% des personnes qui découvrent votre image vont la liker, moins de 5% vont poser un commentaire et le chiffre dégringole lorsqu’il est question de se rendre sur votre site ou acheter quelque-chose.

Burn out peut-être ?

dessinateur dont la tête explose à cause de la surcharge de travail. Il fait un burn out.

On finit tous un jour ou l’autre par travailler trop.


Le burn out, ou Ras-le-bol en français apparaît chez les artistes lorsqu’ils subissent une pression importante pendant trop de temps. Il n’existe pas vraiment de solution à ce problème si ce n’est celle de maintenir une hygiène de vie saine.

Si jamais cela vous arrive, d’une part je suis désolé, d’autre part, il faut maintenant reprendre goût au dessin. J’aurais l’occasion d’en parler dans un autre article.

Et vous, ca se passe comment la maison ?

Retrouver goût au carnet de dessin

Se sentir bien dans son carnet

J’en parlais dans l’introduction, j’ai dessiné très longtemps sur du papier imprimante simplement parce que c’est plus simple et forcément parce que je m’y sentais bien.

D’ailleurs, pour toutes les personnes perfectionnistes qui lisent cet article, il est toujours possible de réunir vos feuilles volantes dans un petit carnet fait maison.

Il existe quelques sites internet français qui donne accès à de très bons tutoriaux pour fabriquer des carnets de dessin. Un tutoriel pour ceux qui apprécient les tutoriels écrits : http://www.madebyade.be/n/20111022-copte/ et un pour ceux qui les apprécient en vidéo : https://www.artiste-animalier.com/fabriquer-carnet-de-croquis/

Reliez vos feuilles volantes pour fabriquer un carnet présentable.


Pour tous ceux qui décident de prendre plus de risques, il sera toujours plus sympa de choisir un carnet dont les dimensions, la qualité du papier voir même le type de couverture vous donneront envie de dessiner dedans. Apprenez à mettre de coté un support de création qui ne vous plait pas. Un jour peut-être lui donnerez-vous une seconde chance !

A chaque carnet de dessin un objectif

Il faut savoir faire son deuil. Peut-être n’êtes vous tout simplement pas fait pour utiliser un carnet de dessin de telle ou telle façon. Certains projets nécessitent de l’expérience ou un véritable changement psychologique pour exister. De mon coté, j’ai prit l’habitude de créer des carnets à thème.

tas de carnets dessin et intérieur de carnet. Illustrations à l'encre de chine

Chaque carnet de dessin avait à l’origine un objectif (bande dessinée, écrits, recherches, études) pour finalement le perdre à mis chemin.


Le carnet de dessin pour développer des projets

Je fais parti des gens qui ne savent plus dessiner sans contrainte. Le carnet de dessin est un formidable outil pour rassembler touts les recherches liées à votre prochain projet. Prenez-y des notes, développez des concepts. Il n’est pas nécessaire d’y terminer le moindre de dessin. Essayez de privilégier l’idée.

Le carnet de dessin poubelle

Malgré tous mes efforts, je rentre systématiquement dans cette catégorie. Tous mes carnets sont remplis d’annotations, de crayonnés, de tests d’encrage, de tâches et d’expérimentations qui poussent la qualité du papier dans ses derniers retranchements. Bref, je n’ai plus aucun respect pour l’objet « carnet de dessin». Je m’amuse et vous savez quoi ? Ça plait !

Le carnet de dessin œuvre d’art

Vient enfin la bête noire de tous les illustrateurs. Il me semblera toujours difficile de l’utiliser seul. Vous aurez donc sur le coté un carnet pour faire vos tests. Il ne vous restera alors qu’à faire de votre mieux dans un plus bel écrin.

Petite astuce : Non vraiment… Si vous n’y arrivez pas, pensez à y coller un dessin fini provenant d’une feuille volante.

etude animaux dans carnet de dessin. encrage et couleur à l'aquarelle

De jolies études d’animaux peintes à l’aquarelle et encrées au pinceau.


Montrez nous vos carnets !

Je prévois une petite campagne de déculpabilisation sur le site ! Que vous soyez débutant ou dessinateur confirmé, envoyez-moi par mail une photo de votre carnet de dessin. Ca peut être la couverture du carnet, une page d’intérieur voir même une feuille volante.

En attendant, je vous souhaite de bien profiter de l’été !

Améliorer son dessin d’après nature

Améliorer son dessin d’après nature

C’est l’été. Le dessinateur sort de chez lui en quête de soleil. Il emporte tout de même son carnet, un crayon et peut être aussi de quoi peindre. Aujourd’hui, il part dessiner des paysages.

C’est chaque fois la même rengaine.
Je trouve un sujet sympa. Je prépare mon matériel et je commence à
dessiner.

Seulement, au fur et à mesure que
l’étude avance, je me rends compte que mon dessin ne va pas dans la
bonne direction. Il y a pourtant tout pour faire une belle création !
La composition est intéressante, les couleurs chatoyantes et la
lumière ravissante. Comment se fait-il alors que je n’arrive pas à
retranscrire ce que j’avais en tête en voyant mon sujet ?

La quête du photo-réalisme

illustration paysage montagne trek

Une scène contenant beaucoup d’éléments peut vite devenir un enfer à étudier.


On peut remarquer à quel point dessiner une image photo-réaliste,
c’est à dire imiter à la perfection la réalité est un exercice
compliqué.

Dans un premier temps, lorsqu’on désire dessiner d’après
nature
, on cherche avant tout à imiter ce qu’on voit à
la perfection. C’est d’ailleurs un passage obligé pour quiconque
désire maîtriser les fondamentaux du dessin.

Seulement si on ne s’y prend pas bien, on copie au lieu
d’étudier
.

Copier, pour en avoir déjà parlé dans un article précédent, est sûrement la moins bonne façon d’apprendre à dessiner. Après tout, votre feuille de papier n’est pas un numéro d’art où vous remplissez bêtement des zones de couleur.

Il faut réfléchir puis utiliser vos connaissances pour
comprendre et retranscrire plus facilement ce que vous voyez. Si ces
connaissances, vous manquent, c’est sûrement l’occasion les
développer.

Le problème avec la réalité

A moins que le sujet qu’on désire étudier ne soit parfaitement
composé, c’est à dire dénué de tout élément perturbateur à
la compréhension de l’image, on ne doit pas reproduire la
réalité
.

En effet, on peut être emmené à représenter un paysage surchargé d’informations, comme c’est souvent le cas avec les paysages de montagne. Se mêleront dans la même image des branchages, différents types d’herbes et de cailloux. Peut être même y trouvera t’on des nuages et des objets très éloignés. Dans votre tête, tout cela avait l’air magnifique ! Ça l’est sûrement ! Mais sur le papier, cela ne donnera probablement rien.

Une solution pour dessiner d’après nature.

dessin animalier insecte sur un tronc

Il n’y a pas forcément besoin de dessiner l’arrière plan pour mettre en valeur un insecte.


Il est donc de notre devoir de déformer
la réalité
pour représenter au mieux ce qu’on a en tête.

Pour m’aider, j’ai prit l’habitude de
dessiner au crayon une petite vignette où je revois la
composition de mon futur dessin. C’est vraiment un super outil
pour corriger les défauts du sujet et ainsi mettre en avant ce qui
fait la force de ma future
illustration. J’en profite pour revoir le positionnement des
éléments, je réfléchie aux valeurs, je simplifie certaines choses
inutilement compliquées.

Lorsque tout me semble en ordre je me
lance sur le dessin final en espérant faire les bons choix au bon
moment. Mais cela, c’est une autre histoire !

J’espère que ce conseil pourra vous
aider à retrouver confiance en vous lorsque vous dessinez d’après
nature !